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Ancien toxicomane

 

D., 35 ans. Région parisienne - quartier Nord

Etant enfant, j'étais peureux, hypersensible, égocentrique.

A 14 ans, j'ai pris du cannabis, cela me désinhibait. Mes parents n'étaient pas riches. je voulais les aider. j'ai dealé. Argent facile - gloire - beaucoup d'argent. Ils ont su très rapidement que j'étais vendeur. J'étais un homme fort. 

Et puis un jour, l'ecstasy : le mot extase est significatif. J'ai grandi et je suis devenu fort avec l'argent qui arrivait facilement... et j'étais débrouillard.

A 22 ans, je passe à la cocaïne, je suis de plus en plus manipulateur.

Rave parties, performances sexuelles, extases, j'étais devenu un caïd du quartier qui semblait heureux, mais j'avais la peur au ventre.

Je pense quelquefois que j'ai eu tous les symptômes de la dépendance depuis tout petit.

J'ai commencé à prendre de l'héroine, d'abord 1fois par semaine puis 2. Et je deviens accro. Je traîne dans les milieux parisiens, je pense que c'est cela le bonheur, les belles copines, les belles voitures, les voyages, etc... Je me plaisais là-dedans mais au fond j'étais malheureux. J'avais mis le doigt dans l'engrenage. Dans ma galère j'ai eu une histoire d'amour avec une fille. Je l'aimais et elle aussi m'aimait. Je lui ai demandé de me quitter, je ne voulais pas lui faire vivre mon délire.

Une question me venait. Comment vais-je sortir de là ? En fait je ne m'aimais pas et je n'arrivais pas à gérer mes émotions.

A 30 ans, je me suis dit: - je vais sortir de là, il faut que je sorte de là. Je prenais conscience d'avoir mis beaucoup de gens dans la drogue... j'étais dans le vice. Ce n'étais jamais de ma faute ! j'essayais d'avoir un travail "normal", mais plus rien ne marchait.

Je suis parti en cure. (j'en ai fait 11 et 3 post-cures). J'avais un mauvais comportement, j'étais violent. Mon obsession, c'était la drogue, ne pas être en manque. J'étais devenu minable, un mort-vivant, un zombie sans foi ni loi. J'avais mal en pensant à moi et ma famille...

Un centre m'a appris que j'avais une maladie incurable, que j'étais dépendant. Sachant cela, je me suis senti victime, mais pas coupable. C'est une maladie sournoise. Je me suis menti à moi-même et aux autres; la vie fade sans drogue et j'ai remis ça... Je ne sais pas boire qu'un verre, la drogue c'est pareil. Se soigner ? j'essaie, mais ne tiens pas. La drogue pour moi est obsessionnellle. je suis vraiment au bout, je suis isolé de tout le monde, enfermé dans son addiction -tout s'écroule en moi et autour de moi.

je ne sais pas où aller, je reviens chez ma mère.

Dans ma famille, "Dieu" importe peu - un jour je regarde la télévision. C'est la messe, immobilisé, je ne peux aller éteindre la télé et la télécommande est bloquée sur un reportage au Village Saint Joseph: déclic ? - je me renseigne, je suis vidé - je suis mal, je suis fatigué - J'en ai marre d'en avoir marre. J'ai le désir de m'en sortir.

 Je regarde la messe, j'aperçois "un docteur qui aidait les boiteux". Cela m'a donné le courage d'appeler Nathanaël.

le 7 septembre 2012, j'arrive en Bretagne. Les deux premières personnes que je vois ont une croix autour du cou et je me demande ce que je fais là. Après avoir douté des gens qui m'invitaient à prier, je reste. Je me sens bien, je retrouve goût à la vie. Je découvre le Seigneur par la prière, par l'amitié des frères et soeurs du Village et je reste quelques temps. Je rencontre " Dieu " malgré le manque qui ne disparaît pas. Cependant je ne veut plus le cacher - j'ai changé.

Je rentre sur Paris, j'aide par une action bénévole auprès de SDF.

"C'est Dieu qui m'a donné çà. J'ai eu beaucoup de grâces."